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Les Alterformistes Déchainés [LAD]
Les Alterformistes Déchainés [LAD]
7 avril 2008

Suicide assisté ?

    Chantal Sébire s'est éteinte ce 19 Mars, après 6 ans de lutte contre la maladie, quelques jours seulement après que le tribunal de grande instance de Dijon ait refusé sa demande d'une euthanasie active. Il semblerait, officiellement, qu'elle soit décédée des suites de sa maladie et non par un suicide assisté. Sa lutte juridique,  qu'elle savait perdue d'avance, a quand même eu le but escompté : faire réagir l'opinion, les médias, et pourquoi pas bouger les choses.

    L'euthanasie active a beaucoup de mal à entrer dans les textes de Lois. Il n'y a pas beaucoup d'opposants à une telle législation en France - 87% d'opinion favorable, nous disait le Nouvel Observateur ce 10/2 (l'étude datait de mars 2007) ; mais ils doivent être sacrément acharnés pour pouvoir s'imposer comme ça. J'imagine qu'ils doivent compter parmi eux une majorité de religieux un peu extrémistes, des gens qui pensent que ce n'est pas naturel(il est vrai que même si certains animaux mangent leur petits, jamais ils n'achèvent leurs congénères) et d'autres qui restent cloitrés dans des débats sur le vocabulaire ou  juridiques.
    Au moins deux de nos ministres (Rachida Dati et Christine Boutin) semblent faire partie de cette dernière catégorie de gens. Mme Boutin a même déclaré sur RMC ce mois de Mars "Mais pourquoi ne peut-elle plus vivre? Parce qu'elle dit qu'elle souffre mais il y a les médicaments qui peuvent empêcher cette souffrance, parce qu'elle est difforme mais la dignité d'une personne va au-delà de l'esthétique de cette personne." Comme disait l'autre, heureusement que la langue de bois n'arrache pas la gueule. Mr. Fillon, plus modéré, a quant à lui déclaré "attendre que la justice se prononce".

    Pour ceux qui croient aux mêmes arguments que Rachida Dati, la loi dite "Leonetti", votée en 2003 suite à "l'affaire" Vincent Humbert, est largement suffisante. Cette loi a, en effet, brisé de nombreux tabous en ce qui concernait "l'acharnement thérapeutique", mais n'est quand même pas exempte de défauts. Principalement, elle n'autorise toujours pas l'euthanasie mais le "laisser-mourir" uniquement. Mme Sébire aurait pu avoir droit à ce "laisser-mourir", mais il ne correspondait pas pour elle à l'idée de "mourir dans la dignité". Beaucoup de gens ne veulent pas "mourir à l'hôpital", c'est un fait. La question mérite l'intérêt, et reste totalement ouverte, mais je pense qu'elle devrait rester entre les mains des personnes concernées.

    "Laisser-mourir" peut-être considéré comme étant largement suffisant, et il est vrai que la législation française permet maintenant certaines choses, comme les "testaments" indiquant la non-volonté du patient à rester en vie artificiellement, ou la nomination de "personne de confiance", qui aura autorité sur ces choix là en cas d'incapacité du malade à signaler son choix. mais elle ne le permet que dans le cadre de la procédure actuelle, qui consiste à mettre le patient dans un "coma artificiel", puis de cesser de la nourrir. La mort intervient alors dans les 10 à 15 jours qui suivent. Toute autre intervention visant à abréger la vie du patient est considérée comme criminelle.

    Et c'est bien là le point sur lequel Mme Sébire était en désaccord : "Mourir dans la dignité", pour elle, n'impliquait pas le fait de mourir de faim dans un hôpital, après un coma de plus d'une semaine. Encore une fois, on peut trouver ça "tatillon", ou encore ne pas être d'accord ; mais ce genre de choix appartient au patient et à lui seul, après tout. On admettra aussi qu'entre cesser de nourrir quelqu'un pendant deux semaines, et lui administrer une dose mortelle de morphine ou de penthotal, il y a peu de différence quant au résultat.
    Ce qui me fait aboutir à ma conclusion : ceux qui déblatèrent à propos de ce genre de cas comme Mme Dati, ne sont que des gratte-papier qui se déchirent sur des querelles à propos de termes tels qu'euthanasie passive ou active, "laisser-mourir", "suicide assisté".

    Bien sûr, les termes sont important, surtout au niveau juridique. Mais parfois, ne s'en tenir qu'à eux uniquement peut aboutir à une bêtise impressionnante. D'autant que la loi en place n'est pas suivie du tout, en témoignent le médecin de Mme Sébire, qui déclarait vouloir lui fournir ce qu'elle demandait, quoi que soit la réponse du tribunal, ou encore toutes les "euthanasies illégales" qui ont lieu relativement souvent (10 à 15 000 par an, selon le président de ADMD -Association pour le Droit à Mourir dans la Dignité), sans compter les personnes qui n'attendent pas la loi ou l'avis des médecins et qui se suicident de leur propres moyens...
   Lorsqu'une société promulgue des lois qui sont bafouées tous les jours par ses membres, c'est que cette loi est injuste ou mal adaptée. Il restera toujours la Suisse, la Belgique ou la Hollande, alors pourquoi s'acharner à nier l'évidence ? "Laisser-mourir" n'est-il pas déjà la même chose ?

Sources : Divers sites de presse, Nouvel Obs, le Monde, l'Express ; et mon expérience personnelle.
Merci de votre lecture et à bientôt.

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