L'idéologie libérale ou la fin de l'Humanité
Le monde est à la fois si complexe
mais tellement intelligible que la réalité n’en est que plus difficile à
percevoir. Ce n’est qu’en ayant lu Orwell que j’ai pu me rendre compte d’une
chose, que l’Histoire n’a été qu’un éternel retour. Depuis que l’Homme a décidé
de vivre en société et depuis que l’invention de Dieu justifie cette société
hiérarchisée, l’Histoire n’a cessé de s’écrire dans la lutte, dans la violence,
dans le sang. En effet, la société a toujours été divisée en plusieurs classes,
en trois classes plus précisément : La classe dirigeante (bourgeois), la
classe moyenne (petit-bourgeois) et enfin les prolétaires (travailleurs). L’organisation
de la société, elle aussi répond à un schéma qui n’a eu de cesse de se répéter :
la classe dominante exploite de plus en plus les prolétaires afin de garantir
toujours plus de richesses et de s’assurer son pouvoir, tandis que la classe
moyenne voulant à son tour accéder aux sphères du pouvoir, manipule les
prolétaires excédés par ces inégalités et organise le renversement de la classe
dominante. Mais au bout du compte la classe moyenne devient la classe dominante
et le schéma antérieur se répète. Dans
un monde comme celui-ci l’égalité entre les Hommes est impossible car elle rend
absurde et illégitime le Pouvoir. Le pouvoir n’est pas un moyen mais une fin,
il ne se ressent que par la souffrance et l’humiliation de l’Autre en
l’occurrence des prolétaires. Dans cette société il n’y a plus que de place
pour le triomphe et l’abaissement, tout devient alors rapport de force entre
dominants et dominés.
Celui qui commande le présent commande le passé. Celui
qui commande le passé, commande l’avenir. La domination du temps s’exerce par
le contrôle du présent. Les prolétaires alors dépourvus de moyen de comparaison
de leur condition à travers le temps et l’espace, alors coupés des autres
Hommes, acceptent leur sort prenant celui-ci pour la norme, se soumettant aux
divins commandements, ils « savent » que l’Homme a croqué la pomme de
l’arbre de la connaissance et pour cela, il sera condamné à travailler et
travailler encore, jusqu’à l’éternité et sous la domination de ses bourreaux. Afin
de maintenir tous ces pauvres gens sous leur joug, il leur suffit de leur
donner l’illusion que leur idéologie est la meilleure pour l’Humanité, nous
pourrions vivre dans un monde où tous nous serions égaux, l’industrie peut nous
en donner les moyens, mais parce qu’eux aussi le savent et parce qu’ils ont
besoin de la technique pour asseoir toujours plus leur pouvoir, le surplus de
production est tout simplement détruit, par les guerres elles aussi sans cesse
entretenues contre un ennemi qui n’existe pas, « la guerre ne vise pas la
victoire, elle vise à être continuelle, l’acte essentiel de la guerre moderne
est la destruction du produit du travail humain, une société hiérarchisée n’est
possible que si elle s’appui sur la pauvreté et l’ignorance, en principe
l’effort de guerre a toujours pour but de conserver la société au bord de la
famine, la guerre est menée par l’oligarchie contre ses propres sujets et son
but n’est pas la victoire mais de conserver la structure même de la société
intacte ». C’est alors que l’Homme de pouvoir, celui qui possède et contrôle
l’absolu, en vient à se tourner vers son « créateur » qu’il a conçu
de toutes pièces comme étant son idéal, et à le détrôner.
C’est
ainsi que l’idéologie libérale, devenue pensée unique instaure petit à petit
son pouvoir, tout le monde doit penser cette même logique, ceux qui n’y
adhèrent pas sont considérés comme des hérétiques et sont tout de suite
marginalisés et criminalisés. Il n’y a pas de place dans cette société,
entièrement pensée par nos bourreaux, pour les déséquilibrés. Les tenants de l’orthodoxie
libérale pratiquent ce qu’Orwell a nommé la doublepensée.
La doublepensée est une forme
d'aveuglement acquis et volontaire vis-à-vis des contradictions contenues dans
un système de pensée. L’emploi de nouveaux termes qualifiant cette nouvelle
société eux-mêmes incarnent des exercices de doublepensée c’est la politique de l’oxymore tels :
développement durable, moralisation du capitalisme... J’ai vu maintes fois ce
mouvement comparé à un bulldozer qui détruit tout sur son passage mais l’image
est bien réelle, cette idéologie transforme nos conditions d’existences, elle
transforme les paysages, rasant tout sur son passage et en particulier tout ce
qui a attrait au passé arguant du fait que l’Histoire vient juste de commencer
car le passé reflète la destruction, la désorganisation, la fragmentation et
que maintenant tout va changer. L’idéologie libérale ne vise à rien d’autre que
de prendre le pouvoir sur le monde et l’asseoir jusqu’à la Fin. Pour se
justifier, le libéralisme que l’on pourrait nommer l’idéologie du « chacun
pour soi et que le meilleur gagne » trouve sa justification par des
théories scientifiques et notamment par le darwinisme sociale, qui est un
processus de déshumanisation, justifiant que les Hommes ne sont en fait pas
égaux et ne pourront jamais l’être, telle est leur véritable nature qu’il nous
faut accepter. La forme Républicaine quant-à elle trouve sa justification en ce
que le peuple ne peut assumer la fonction de se gouverner lui-même en l’absence
de hiérarque, de patriarche, la chose est bien trop complexe et puis n’oublions
pas que nous sommes responsable de la destruction de notre propre planète,
croyez-vous qu’avec une telle responsabilité nous soyons capable de nous
autogérer ? Bien sure que non, nous
sommes individuellement des êtres répugnants, finis. Seuls, nous constituons
l’échec de l’Humanité. Mais si nous adhérons tous à un projet commun alors « ensemble, tout
devient possible », c’est alors l’immortalité qui s’offre à nous, oublier
sa propre identité, sa finitude, au profit de l’orthodoxie universelle et
immortelle. Dans une société atomisée, qui nie sa véritable nature, sa
finitude, obnubilée par la mort, par sa mort, l’Homme recherche l’immortalité,
il se veut Dieu, celui qui peut contrôler la vie, la créer et concevoir la
nature humaine, celui qui a le pouvoir et le contrôle absolu. Il y a forcément
une forme d’esprit qu’ils ne peuvent contrôler et cette forme est l’esprit
humain, c’est pour cela qu’il leur faut détruire l’Homme, il faut le
déshumaniser, lui arracher ses « faiblesses » afin de le rendre
entièrement malléable.
Que
penser également de l'industrie de la techno-science qui est une mécanique supra-intelligente mise en œuvre par l'Homme et qui, bien sure, avec d'autres mécanismes (institutionnels notamment) ne peut plus être arrêtée (comme le phénomène de la dérive des continents). Ces mécanismes sont parfaitements autonomes, issus de l'intelligence de l'Homme mais qui bientôt pourront se passer de l'intelligence humaine, "nous" avons donné naissance une espèce nouvelle à la fois artificielle car créée de "notre" main mais aussi naturelle car elle poursuit son existence de manière autonome. Nous nous adaptons en développant des stratégies antalgiques, d'anesthésie de manière à limiter les souffrances individuelles créées par cette évolution d'où le rôle des médias, des arts en général, du sport... La science est une arme au service du
pouvoir, il nous faut toujours être attentif aux valeurs qu’essaient de nous
inculquer les discours formatés par la pensée unique. RESTONS VIGILANTS!!
Il nous faut analyser
avec attention chaque évènement (attentats terroristes, crise économique…) afin
d’en évaluer les conséquences. Ne pas se contenter d’une réaction à chaud mais
bien d’en discerner « l’utilisation ». Les expériences de lavage de
cerveau effectuées par Ewen Cameron, financées
par la CIA, avaient pour objectif de détruire la
personnalité du sujet, en lui administrant des chocs divers (substances
chimiques, électrochocs), dans le but d'obtenir une « page blanche »
sur laquelle on pourrait écrire une nouvelle personnalité. La stratégie dans
laquelle s’engagent les dirigeants et s’inscrit le présent est la stratégie du
choc et chacun de ces évènements tragiques est rendu « utile » afin
de justifier des mesures libérales, liberticides, qui n’auraient pu passer
avant celui-ci. L’heure en est aujourd’hui au nouvel ordre mondial, à la
gouvernance mondiale, au pouvoir absolu, la question est de savoir si nous l’acceptons
ou si au contraire nous revendiquons notre liberté.
Sources: Orwell (cf. plus bas), Naomi Klein (la stratégie du choc)
Citations 1984, George
Orwell :
« Connaître et ne
pas connaître. En pleine conscience et avec une absolue bonne foi, émettre des
mensonges soigneusement agencés. Retenir simultanément deux opinions qui
s’annulent alors qu’on les sait contradictoires et croire à toutes deux.
Employer la logique contre la logique. Répudier la morale alors qu’on se
réclame d’elle. Croire en même temps que la démocratie est impossible et que le
Parti est gardien de la démocratie. Oublier tout ce qu’il est nécessaire
d’oublier, puis le rappeler à sa mémoire quand on en a besoin, pour l’oublier
plus rapidement encore. Surtout, appliquer le même processus au processus
lui-même. Là était l’ultime subtilité. Persuader consciemment l’inconscient,
puis devenir ensuite inconscient de l’acte d’hypnose que l’on vient de
perpétrer. La compréhension même du mot « double pensée » impliquait
l’emploi de la double pensée. »
« La haine et la
peur n’ont pas de vie »
« Pour vous donner
une image du futur Winston, imaginez une botte qui piétine un visage humain… à
jamais. »